Préserver les espaces agricoles est devenu un impératif en Provence-Alpes-Côte d’Azur, où la question se pose avec une acuité particulière.
La croissance rapide de population des quarante dernières années (+ 1,6 million d’habitants) pousse à la consommation d’espace, notamment en zone rurale et périurbaine. De 1970 à 2000, la Surface Agricole Utilisée (SAU) a diminué de 20 %. La préservation des terres agricoles se heurte souvent à l’urbanisation. Selon les cultures et leur localisation, l’agriculture n’oppose pas la même résistance. A proximité du littoral et dans la moyenne vallée de la Durance, deux secteurs particulièrement exposés, la croissance démographique est rapide depuis 1999 (1,6 % par an), celle des logements également (1,9 %). Bref, la pression de l’urbanisation est importante, les terres agricoles couvrant un quart du territoire. En perte de vitesse, l’agriculture offre peu de résistance. Résultat : plus de la moitié des biens agricoles vendus perdent leur vocation agricole d’autant que le prix médian à l’hectare d’un terrain destiné à être loti est trois à quatre fois plus élevé qu’ailleurs dans la région. « Dans vingt ans, on attend 124 000 habitants supplémentaires le long du littoral, entraînant l’artificialisation de 10 500 hectares, soit 8 % de la SAU » note l’étude de l’Insee.
Autour d’Avignon, la population croît moins rapidement (1 % par an), mais la construction de logements et de locaux d’activité est très intensive. Là, la moitié des surfaces sont agricoles. « Par chance, la présence de nombreuses Appellations d’Origine Protégée prestigieuses protège encore les parcelles agricoles. Ainsi, deux tiers des biens agricoles vendus conservent ainsi leur vocation » notent les chercheurs, Philippe Pailler, Nicolas Chauvot de l’Insee et Brigitte Baccaïni de la Draaf.
Plus éloigné des pôles urbains, dans l’arrière-pays, la population croît rapidement (+ 1,6 % par an en moyenne). De plus en plus de ménages y installent leur résidence principale, souvent au prix de déplacements quotidiens importants : 65 % des actifs travaillent hors de leur commune de résidence. Ici, on évoque plutôt une mutation qu’une vraie pression exercée sur le territoire. » L’accueil des futurs employés d’Iter et de leur famille pourrait accélérer ce mouvement. Si le parc de logements garde la même structure qu’aujourd’hui (85 % d’individuels), le risque de mitage des terres agricoles, qui occupaient encore 30 % du territoire en 2000, est réel » indiquent les auteurs de l’étude.
Dans les Alpes et sur les premiers reliefs, plus enclavés, la densité est moins élevée et la pression plus faible. Mais l’urbanisation qu’engendre l’apport, même limité, de population s’effectue au détriment des surfaces cultivées.
Littoral /Dans vingt ans, si les tendances démographiques persistent, 124 000 habitants supplémentaires habiteront le bord de mer
Autour d’Avignon
25 000 habitants supplémentaires sont attendus à l’horizon 2030, si les tendances actuelles se poursuivent, engendrant une consommation de 2 000 hectares (soit 3 % de la SAU).
Arrière pays /65 % des actifs travaillent hors de leur commune de résidence (contre 46 % au niveau régional).
Cet article est tiré de : « Les terres agricoles face à la pression de l’urbanisation : une résistance et des enjeux différenciés » publié par l’Insee Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Pierre Bégliomini – Journaliste
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