En dépit de son caractère fortement urbain ou périurbain et malgré son dynamisme démographique exceptionnel, le Moyen-Var est peu artificialisé : 70 % des espaces restent naturels, un quart conserve une vocation agricole. Mais la part importante des vignes d’appellation dans les surfaces agricoles et celle des zones naturelles protégées concentrent la pression foncière sur un territoire nettement plus restreint
Traversé par deux autoroutes reliant Marseille, Aix-en-Provence, Toulon et Nice, le Moyen-Var est de plus en plus attractif. Situé au coeur de la région Provence-Alpes- Côte d’Azur particulièrement dynamique sur le plan démographique, cet ensemble de quatre Scot (Provence Verte, Coeur du Var, Dracénie et Pays de Fayence) progresse à un rythme encore plus élevé : sa population a triplé en 45 ans pour atteindre 251 000 habitants en 2008. Les différentes phases de cette croissance sont liées aux ouvertures successives des tronçons d’autoroutes, chaque étape élargissant davantage l’influence des pôles urbains voisins. Les dynamiques en matière de population et d’emploi dépendent ainsi fortement des territoires qui l’entourent.
La population du Moyen-Var est caractéristique des espaces dynamiques de moyen pays : les familles avec enfants y sont nombreuses, au contraire des jeunes de 18 à 30 ans. Ces derniers quittent en effet le territoire pour poursuivre leurs études ou trouver un premier emploi. Favoriser leur accès à l’emploi constitue donc un enjeu pour le Moyen-Var. Ce territoire affiche par ailleurs un tableau social contrasté avec un chômage important, une précarité élevée et un parc social peu développé.
La croissance démographique du Moyen-Var est structurellement migratoire. Au jeu d’intenses migrations résidentielles, le territoire a gagné 17 600 habitants entre 2003 et 2008. Ces mouvements renforcent la population de jeunes retraités (60 à 69 ans) et des couples avec enfants. En outre, plus de la moitié du solde migratoire provient de territoires frontaliers, renforçant l’idée d’une migration résidentielle plutôt que professionnelle. D’ailleurs, parmi les nouveaux arrivants, la moitié des actifs occupés travaillent en dehors du Moyen-Var, contre seulement un quart parmi la population n’ayant pas connu de migration depuis 2003.
Le Moyen-Var semble s’orienter de plus en plus vers un espace fortement résidentiel. Une part croissante de résidents travaillent en dehors de la zone. Les navettes domicile-travail, très majoritairement orientées vers l’extérieur, se sont intensifiées depuis les années 2000 (+ 43 % avec les territoires frontaliers). Le marché du travail y est déficitaire : 75 emplois pour 100 actifs occupés résidents en 2008, contre 94 dans les territoires comparables. Le Moyen-Var est donc très dépendant des territoires alentours. Son économie est essentiellement centrée sur des activités présentielles avec un secteur tertiaire surreprésenté et une industrie peu présente. La diversification et le renforcement de son tissu économique constituent ainsi un enjeu pour ce territoire.
Avec le Grenelle de l’environnement, de nouveaux défis apparaissent pour le Moyen-Var. En effet, 85 % des déplacements sur ce territoire s’effectuent en voiture. L’offre en transport collectif semble insuffisante, le maillage ferroviaire étant faible. Les émissions de CO2 y sont élevées. Une politique de transport durable doit donc chercher à intégrer au mieux l’objectif de réduction de recours à la voiture.
En dépit de son caractère fortement urbain ou périurbain et malgré son dynamisme démographique exceptionnel, le Moyen-Var est peu artificialisé : 70 % des espaces restent naturels, un quart conserve une vocation agricole. Mais la part importante des vignes d’appellation dans les surfaces agricoles et celle des zones naturelles protégées concentrent la pression foncière sur un territoire nettement plus restreint. Cette problématique est d’autant plus importante que la croissance démographique pourrait ne pas faiblir. Selon les projections de population, la population du Moyen-Var augmenterait de 84 000 à 127 000 habitants à l’horizon de 2040. Concilier au mieux explosion démographique et Grenelle de l’environnement nécessite l’inscription de ce territoire dans un vaste espace de fonctionnement appelant une concertation renforcée avec les grandes agglomérations qui l’entourent.
Junel Bernard – Philippe Pailler – Synthèse insee sur l’étude en PACA – Document complet en cliquant ici
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