La concertation autour du projet de la LGV Paca vire à la confusion. Après les incidents ayant émaillé plusieurs réunions dans le Var, le préfet de ce département a décidé de mettre fin de manière anticipée à la concertation instiguée par Réseau ferré de France (RFF), le maître d’ouvrage du projet. Dans la foulée, les ministres concernés, Nathalie Kosciusko-Morizet (Ecologie) et Thierry Mariani (Transports), ont «demandé à RFF d’approfondir (…) les points qui font l’objet d’une forte incompréhension au plan local». Une mission qui passera par «la poursuite des études complémentaires nécessaires jusqu’à l’été 2012, sur les quatre scénarios et fuseaux associés». Adeptes de la méthode Coué, les ministres rappellent que «l’adhésion des riverains et populations concernées est un facteur clé de la bonne réussite d’un projet d’une telle envergure».
Rappelons que la phase de concertation, entamée mi-septembre, devait permettre au comité de pilotage de choisir entre les quatre scénarios retenus pour le tracé de la future ligne, qui se prolongera à terme jusqu’en Italie. Les scénarios vont du plus «proche des centre-villes» au plus «rapide», du plus «économique» au plus «maillé», pour un coût allant de 15,9 à 17,8 milliards d’euros.
La gare toulonnaise fait débat
Les tensions se cristallisent autour de la future gare toulonnaise : au centre ou à l’ouest ? Agriculteurs et habitants sont remontés depuis des mois, allant même jusqu’à retenir pendant quelques heures un chargé de projet RFF le 15 novembre. «A priori, la gare la plus faisable serait La Seyne-sur-Mer. Or, ce choix dévasterait les communes d’Ollioules, Sanary, La Cadière, Le Castellet et Le Beausset», explique l’un des porte-paroles du collectif des anti-LGV, opposé au «tracé Sud», explique l’un des porte-paroles du collectif des anti-LGV, opposé au«tracé Sud», Olivier Thomas.
La députée (UMP) de la 6e circonscription du Var (Brignoles), Josette Pons, se range aux côtés des opposants, estimant les quatre scénarios «inacceptables» : «l’un d’entre eux traverse carrément l’AOC Bandol, avec 32 vignerons indépendants et 75 coopérateurs touchés !». Considérant ces hypothèses de tracés «complètement décalées» par rapport à la lettre d’intention de Jean-Louis Borloo, qui avait opté en 2009 pour une LGV dite «des métropoles», la députée propose de «passer plus au nord», en demandant une concertation dans la «sérénité» et «plus de temps». Du côté du PS varois, on milite pour un tracé «centre Var» qui passerait à proximité de l’A8, tandis que le Front de gauche défend l’option d’un passage «par le moyen Var avec la création d’une gare aux alentours de Brignoles». Quant au FN, il «soutient le projet n°3, nécessitant l’implantation d’une gare sur Toulon-Est et constituant un compromis raisonnable».
Le silence des élus des grandes métropoles est assourdissant. Jean-Claude Gaudin et Hubert Falco font preuve d’une étonnante discrétion. Le premier n’est guère enthousiaste à l’idée de voir sa ville livrée aux pelleteuses durant plusieurs années pour aménager la voie souterraine entre Saint-Charles et les quartiers est. Quand au maire de Toulon, hier défenseur du tracé des métropoles, le voilà maintenant remonté contre RFF à qui il reproche de ne «pas avoir un langage clair». Refusant d’endosser le costume du promoteur d’un passage par Bandol que certains opposants, y compris dans son camp, lui font porter, l’édile affirme qu’il «ne laissera pas saccager les coteaux de Provence». Et menace de ne pas participer, via l’Agglomération Toulon-Provence-Méditerranée ou le Conseil général 83, au financement de l’opération. La LGV Paca, qui a pour objectif majeur de «constituer l’arc méditerranéen Barcelone-Marseille-Gênes» et parer à la saturation prévisible du réseau (40 millions de passagers annuels aujourd’hui, 80 millions en 2020, 110 millions en 2040), devrait mettre Nice à quatre heures de Paris, contre près de 5h40 actuellement.
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